Assis devant l'ordinateur, j'attends que la caméra CCD fixée à mon télescope termine l'imagerie de M42, tandis que sa monture suit correctement le mouvement apparent des étoiles dans le ciel. Je regarde l'image et je pense : « Voici la nébuleuse d'Orion. » Mais je simplifie à outrance. En fait, je devrais plutôt dire : « Voici la nébuleuse d'Orion vue dans les fréquences visibles. » Je me souviens de l'étonnement et de la curiosité que j'ai ressentis lorsque, pour la première fois, j'ai comparé les images d'objets astronomiques prises à différentes longueurs d'onde, et en particulier aux fréquences des ondes radio. L'apparence pouvait être très différente, presque méconnaissable ! Pourquoi ? Je connaissais vaguement la radioastronomie, mais je ne m'étais jamais penché sur le sujet. Je me suis retrouvé à étudier une multitude de livres et d'articles pour découvrir un véritable « ciel invisible ».
Je suis l'astronomie amateur depuis de nombreuses années et j'ai été en contact permanent avec l'évolution des instruments utilisés pour ce que l'on peut considérer comme un métier ou un loisir. Chaque jour, des amateurs (c'est-à-dire des astronomes non professionnels) parviennent à obtenir des résultats de haute qualité, souvent recherchés également par les professionnels. Cette spécialisation reste cependant confinée aux longueurs d'onde du visible, au plus proche de l'infrarouge ou de l'ultraviolet. L'Univers que je découvrais était en réalité composé d'objets parfois invisibles aux télescopes ordinaires, mais « lumineux » s'ils étaient étudiés par ondes radio. J'ai étudié des instruments qui, bien que des télescopes, n'avaient que peu de points communs avec ceux que je connaissais et utilisais.